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Colombie : pas de paix avec les FARC sans justice pour les victimes

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A Oslo, à la veille du lancement des négociations de paix entre le gouvernement colombien et la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, extrême gauche), rien ne filtre. La Norvège, garante des négociations avec Cuba, s’en tient à la conférence de presse prévue mercredi 17 octobre, finalement remise à jeudi. Ni l’heure, ni le lieu, ni les modalités ne sont connues.

L’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) a d’emblée rappelé, mardi, un des principaux écueils de la négociation : comment concilier l’aspiration à la paix et l’exigence de justice ?

"Les Colombiens attendent depuis longtemps la paix, mais celle-ci ne sera ni durable ni juste si l’accord entre les parties est basé sur l’impunité pour les atrocités commises", affirme le Norvégien Jan Egeland, directeur de HRW pour l’Europe.

Il parle en connaissance de cause : Jan Egeland était le représentant du secrétaire général des Nations unies en Colombie lors de la précédente tentative de dialogue avec la guérilla, dans la zone démilitarisée du Caguan (1999-2002).

Les victimes du conflit armé colombien ont commencé depuis quelques années à s’organiser, pour réclamer leurs droits, exiger l’élucidation des disparitions, demander justice et réparation. Ainsi, la loi sur les victimes et la restitution des terres, adoptée en 2011, a favorisé l’expression des agriculteurs déplacés par les violences.

Selon un premier recensement de l’unité chargée de l’attention et la réparation intégrale des victimes, à Bogota, le conflit qui ensanglante la Colombie depuis un demi-siècle a fait plus de 5 millions de victimes, dont 600 000 ont été assassinées.

D’après la même source officielle, 40% ont été victimes des guérillas, 25% l’ont été des milices paramilitaires d’extrême droite. D’autres n’ont pas identifié ou n’ont pas voulu dénoncer les auteurs des violences qu’ils ont subies.

Selon un récent sondage, 70 % des Colombiens considèrent les crimes commis par les guérillas aussi graves que ceux perpétrés par les paramilitaires. Il y a même une minorité de l’opinion publique qui estime "plus graves" les crimes des guérillas (FARC et Armée de libération nationale, ELN, castriste).

Or, avant de reprendre langue avec le gouvernement colombien, les FARC se présentent comme "des victimes" du conflit armé. Le décalage avec l’opinion colombienne, qui les tient plutôt pour responsables de la prolongation des violences, est flagrant.

Les FARC arrivent à la table de négociations avec un déficit de crédibilité, pour avoir sombré dans le narcotrafic, l’extorsion et les enlèvements crapuleux, mais aussi pour avoir saboté la précédente tentative de dialogue.

Militairement sur la défensive, les FARC tentent néanmoins de négocier une issue du conflit avec les honneurs. Certains envisagent déjà un siège au Sénat pour le chef de la guérilla, Rodrigo Londoño, dit "Timochenko".

HRW et d’autres défenseurs des droits de l’homme, n’acceptent pas l’impunité des chefs de la guérilla, en échange de la paix. Si l’Etat colombien renonçait à poursuivre les responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, la Cour pénale internationale pourrait être saisie.


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